Famille André Labrie
À mes cousines Hélène, Lise et Monique, Aux fils d’André : Bruno et Mathieu, Marie et moi sommes bien attristés du décès, malheureusement prévisible, d’André et nous vous offrons nos plus sincères condoléances. Nous sommes souvent à Sainte-Luce mais malheureusement, le 5 décembre sera impossible. Je vous écris ce mot pour témoigner de quelques souvenirs et de mon affection pour André. Je conserve, adolescent, un souvenir précieux de mes relations avec André. De 7 ans mon aîné (c’est une grosse différence quand on a 11-12-13-14 ans), j’ai eu de longues conversations avec lui (nuits blanches parfois). Ne faisant pas de cas de cette différence, il m’a appris bien des choses. André était candide, sympathique et grave, courageux et vulnérable à la fois. Aucune agressivité. Beaucoup de charme, avec simplicité. Je me souviens qu’il est venu chez mes parents à Montréal, le temps de se rendre à Ottawa pour aller faire son droit, ce qu’il n’a pas fait parce que j’ai l’impression qu’il ne l’avait pas vraiment choisi. Je l’ai revu quelques années plus tard, allant le visiter à l’Hôpital Maisonneuve où, je pense, il était soigné pour une dépression que je n’ai pas sentie tellement nous avions une conversation sereine et pas du tout déprimante. Plus vieux, alors que j’étais devenu adulte, je l’ai encore revu alors qu’il avait une job dans le Grand Nord où il avait fréquenté les Esquimaux comme on disait. Il était particulièrement sensible à leur condition et trouvait révoltant leur traitement. Là, j’ai senti qu’il tenait quelque chose à cœur, lui qui d’ordinaire évitait les controverses. Lucienne trouvait donc que nous nous ressemblions physiquement (sauf le nez). Vers la fin de son existence autonome, alors que lui et moi étions devenus grands-pères (ça passe vite), il est venu souper chez-nous, Marie et moi, à Sainte-Luce. Nous avions invité Lucienne également mais elle a préféré décliner. André est venu seul. Il manquait d’assurance. Je crois qu’il craignait de ne pas retrouver le chemin du retour. Mais la soirée fut très agréable et nous avons rigolé. J’entends encore son rire particulier. Ensuite, nous ne l’avons plus revu… nous avons su la triste nouvelle de sa maladie. Dans cette fin de vie, il y a au moins l’avantage de ne pas charrier des souvenirs malheureux et les regrets qui vont avec eux. Bonne route André et si l’occasion se présente dans l’autre monde, ce sera agréable de poursuivre nos longues conversations sans se dire qu’il est peut-être temps d’aller se coucher. Marie et Carol et la Famille Jobin, je pense particulièrement à Mireille qui aurait certainement témoigné.