Le deuil et la prise de décision - Chroniques | Fédération des coopératives funéraires du Québec

Le deuil et la prise de décision

J’ai du mal à me décider. Vendre la maison ou non ? Partir en voyage ou non ? Participer à une activité ou non ? Depuis sa mort, j’ai l’impression de ne plus savoir ce que je veux.

Plusieurs décisions sont à prendre lorsque vous vivez un deuil. Paradoxalement, il s’agit d’une période pendant laquelle vous n’êtes pas le mieux disposé pour prendre ces décisions. La difficulté à se concentrer, les émotions à vif et la nécessité d’apprivoiser une nouvelle réalité sont tous des facteurs qui viennent nuire à votre capacité à faire des choix éclairés.

De nombreuses personnes peuvent vous conseiller. Chacun, selon ses compétences et ses valeurs, vous offrira alors une vision différente d’une même situation. Ces personnes, bien intentionnées, peuvent vous servir de guides. Il arrive toutefois qu’elles sèment aussi la confusion. En effet, elles vous font voir une option non envisagée, mais parallèlement, elles peuvent aussi vous faire bifurquer de vos priorités, de ce que vous êtes.

Par exemple, pour votre lieu d’habitat, vous privilégiez le confort et l’esthétisme alors qu’une personne proche de vous mise davantage sur le côté pratique et économique. Les choix de maison diffèreront. Or, qui habitera cette maison ? Il importe donc de se fier avant tout à soi.

Ce qu’il faut considérer

Trois éléments peuvent être pris en considération pour prendre une décision : le raisonnement, les émotions et l’intuition. Malheureusement, la période de deuil peut être si tumultueuse qu’elle vient brouiller chacun de ces éléments. Ainsi, il est préférable de minimiser les prises de décisions importantes (déménagement, changement d’emploi, dépense significative, rupture amoureuse, etc.) pendant cette trajectoire de deuil. Lorsqu’une plus grande stabilité sera retrouvée, vous serez alors plus en mesure de prendre des décisions qui correspondent à ce que vous êtes.

Il est aussi possible d’utiliser l’intuition comme ligne directrice à suivre. Mais de quoi s’agit-il exactement ? L’intuition est une forme d’impression ou de sensations qui survient de façon globale, sans nécessairement être associée à une partie du corps en particulier. Plusieurs utilisent leur intuition sans en être conscients ou encore ont des intuitions, mais ne les écoutent pas. Ces intuitions arrivent par le biais de vos sens et se manifestent sous la forme de ressenti ou simplement d’un vague sentiment de certitude. Une petite voix intérieure revient incessamment, vous rêvez ou vous avez une chaleur inhabituelle qui se manifeste en même temps que votre pensée. Bref, la difficulté en situation de deuil est qu’on oublie d’être attentif à ces messages, trop pris par le tourbillon de la perte.

« Beaucoup de gens se sentent mal équipés pour prendre les décisions appropriées. Cela est dû au fait que, pour la plupart d’entre nous, notre éducation a favorisé le développement des facultés de la logique et du raisonnement. Nous avons appris uniquement à penser comment mener notre vie au lieu d’apprendre à sentir comment la mener. »

Millman, Dan, Chaque jour L’illumination,
1998, Montréal : Édition du Roseau, p. 222

Pourtant, si vous prenez le temps de vous arrêter et d’écouter simplement ce qui jaillit lorsque vous devez prendre une décision, vous constaterez que l’information arrive souvent spontanément. S’arrêter, écouter et ressentir, voilà des pistes qui peuvent vous guider dans vos prises de décision. Et, si l’incertitude se poursuit, peut-être n’est-il tout simplement pas le moment de décider.

Josée Jacques

Classé dans : Le deuil Publié par : La Gentiane - Deuil - Entraide

Commentaires (3)

Tous ces articles sont superbes. Ils sont très bien écrits et font du bien.
Merci beaucoup.
Bonne journée.

Carole Roberge, 7 juin 2023

Et, si l’incertitude se poursuit, peut-être n’est-il tout simplement pas le moment de décider. Cette phrase vient tellement me rassurer... j'ai l'impression de tourner en rond depuis le départ de mon frère plus jeune dont j'étais l'aidante naturelle. Même après un an. Merci pour vos bons mots.

Diane Nadeau, 25 septembre 2023

Un deuil, ce serait ce que tous, nous ne voudrions pas vivre, un accident étant toujours si vite arrivé, dirait l'expression pourtant connue. Vivant déjà des difficultés comme des obligations de tous les jours, un deuil pourrait être une épreuve insurmontable pour certains d'entre nous, jeunes et moins jeunes. Cependant, ne s'agissant toujours pas pour notre propre personne de vie ou de mort la plupart de temps, nous pourrions savoir que nous pourrions demander de l'aide. Heureusement, je tiendrais à dire qu'entre autres nos coopératives funéraires dans tout le Québec seraient justement là pour ça. Vive, soit dit en passant, nos coopératives funéraires au Québec, un produit pour lequel nous pourrions devenir membres.

Maintenant, bien sûr, ce que pourrait nous proposer nos coopératives en fonction de nos capacités du moment : une rencontre avec une ou des personnes spécialisées pour endeuillés ; une autre pour des arrangements funéraires ; des informations détaillées et en fonction d'un certain budget concernant la disposition d'un défunt ; les organismes gouvernementaux à informer d'un décès s'ils ne le feraient pas eux-mêmes, des informations données sur un compte de succession à créer, la disposition des biens à donner ou garder, etc. Grosso modo, voilà ce que nous pourrions vivre avec ces personnes, tout cela pouvant demander temps et énergie, bien sûr, se faisant lentement, mais sûrement, dirait l'expression.

Peut-être un mot au sujet de l'intuition. Elle ne serait pas ésotérique ni en lien avec le surnaturel, ce que nous aurions pu croire à une certaine époque, mais bel et bien avec une trace, un schéma ou une mémoire. Elle pourrait être influencée par autre chose, mais qui pourrait être d'autant plus intuitif, sinon concret, venant de l'extérieur. Une liberté (un hasard) de tous les jours n'existant toujours pas, nous pourrions donc s'y référer, pouvant aussi être en lien avec quelque réflexe ou automatisme plus ou moins conscient de pensée. Il serait ainsi réconfortant de savoir qu'elle pourrait toujours être là, que nous pourrions toujours nous y référer, en faisant de plus en plus la lumière sur ce que nous pourrions faire.

Pour vraiment terminer, l'article ci-haut viendrait de mentionner d'autres difficultés, cependant penserions-nous rares, que nous pourrions vivre. Vivant toutefois déjà des émotions, il serait donc important d'établir une liste de priorités, et ce, en fonction des premiers jours. Plus concrètement, des questions comme suis-je en danger de mort, par où pourrais-je commencer en fonction de l'intensité, de la durée, de l'importance, etc., pourraient nous passer par la tête. N'étant surtout pas en état d'ébriété, ce serait par conséquent à nous de décider ce qui pourrait nous convenir et en fonction de nos priorités concernant un déménagement, un emploi à quitter, des dépenses, nos relations sociales, etc.

Merci d'avoir lu tout en espérant avoir aidé mes contemporains qui, comme nous le saurions, pourraient parfois se sentir désemparés.

Jocelyn Beaudry, 4 juin 2025

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